L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), qui a collaboré avec la Ville de Montréal dans les discussions visant l’élaboration du règlement sur l’inclusion de logements sociaux, abordables et familiaux au sein des nouveaux projets résidentiels montréalais, demeure inquiète quant à certaines modalités du règlement qui risquent de freiner le développement et de faire augmenter les prix du marché.
« Les discussions entre la Ville et les acteurs de l’immobilier montréalais au cours des derniers mois ont permis, il est vrai, un certain travail d’amélioration du règlement. Malgré tout, l’APCHQ considère que certains aspects et effets indésirables sont encore difficiles à établir et pourraient même s’avérer contraires aux objectifs de la politique. Il ne faudrait surtout pas rater la cible et donner une motivation additionnelle à l’exode des familles et, par le fait même, à l’étalement urbain. En 2017-2018, Montréal a perdu plus de 24 000 personnes au profit des banlieues, selon le dernier relevé de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Il ne faut pas accentuer cette tendance défavorable », affirme François Vincent, vice-président relations gouvernementales et relations publiques à l’APCHQ.
Viser la neutralité
L’APCHQ considère qu’un des principaux défis de la Ville de Montréal dans ce règlement d’inclusion reste la neutralité. À l’heure actuelle, le financement de la politique repose essentiellement sur les acheteurs de logements neufs. Bien que les estimations diffèrent, il est clair qu’il n’y a pas de neutralité.
A contrario, en exigeant différents frais aux promoteurs pour financer sa politique d’inclusion, la Ville risque de faire augmenter le prix de certaines unités. Rappelons qu’une hausse de 4 % du prix d’un condo de 350 000 $ à Montréal représente un montant de 14 000 $. Une somme non négligeable qui équivaut à la mise de fonds de certains ménages de la classe moyenne. Il est, par conséquent, tout à fait légitime de s’inquiéter des réactions du marché quant à un tel impact.
«Notre souci était et demeure l’accès à la propriété. Il faut avant tout éviter de faire payer aux acheteurs d’habitations neuves, et surtout à ceux de la classe moyenne, les frais pour financer la politique de la Ville de Montréal. Autrement dit, l’abordabilité pour les uns ne doit pas entraîner l’inabordabilité pour les autres», souligne François Vincent.
L’APCHQ souhaite la poursuite du dialogue avec la Ville de Montréal et les acteurs concernés. L’Association consultera attentivement l’étude d’impact et le projet de règlement dans son ensemble pour procéder à une analyse afin de formuler ses recommandations au moment des consultations publiques, à l’automne prochain.